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Qui s'intéresse à l'Italie, à mon sens, devrait avoir vu deux films majeurs :

Le Guépard de Visconti, et Novecento de Bertolucci, objet de cet article.

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Novecento, le film

XXè siècle en italien

Novecento, “XXe siècle” en italien, est une gigantesque fresque historique et politique d’une force exceptionnelle et parfois d'une extrême violence sur la montée du fascisme entre autres, raconte admirablement l'histoire du siècle dernier à travers le destin de deux fils de famille au cœur d’un domaine agricole, quarante-cinq ans d’histoire italienne.

Merveilleuse fresque épique, "Novecento" est autant un film sur la culture nationale et populaire italienne, et plus particulièrement de la province d'Emilie-Romagne, qu'un grand poème lyrique sur le peuple italien, son histoire, ses espérances et sa vie.

Composé selon le rythme des saisons, le métrage présente l'été comme le temps de l'enfance et de l'adolescence, l'automne correspond à l'aube du socialisme, mais aussi à la naissance du fascisme, et à leur affrontement. L'hiver est la triste époque du fascisme, et au printemps éclosent la Libération de 1945 et les grandes espérances politiques

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Folies meurtrières du régime…

Puis vient le temps du fascisme, au début des années 1920.
Bertolucci montre comment les propriétaires, sans vraiment frayer avec le régime de Mussolini, s’en sont satisfaits pleinement, tandis que les ouvriers agricoles, communistes ou apparentés, sont très vite devenus les parias du fascisme, les ennemis à abattre au sens propre.

Au cœur du film de Bertolucci, il y a, comme dans tous ses autres films, une représentation de la sexualité qui se veut ici le reflet des réalités sociales. Lancaster tente d’abuser d’une jeune fille, mais il est impuissant. Alfredo épouse la belle et fantasque Ada (Dominique Sanda), qui se met très vite à boire car son époux ne la désire plus : la bourgeoisie est épuisée, décidément.

Olmo et Ada éprouvent de l’attirance l’un pour l’autre, mais il ne se passera rien entre eux, parce que c’est impossible. Comme le dit Olmo avec lucidité : bourgeois et ouvriers ne peuvent s’aimer.

L’intendant fasciste de la ferme (Donald Sutherland) viole et massacre un enfant : folie meurtrière du régime.

Le synopsis

L’action commence en 1900, le jour de la mort de Giuseppe Verdi, et s’étend sur une cinquantaine d’années.

Se déroulant entièrement dans une vaste propriété agricole d’Emilie-Romagne, Novecento raconte l’histoire de deux hommes nés le même jour, et que tout oppose.

Le premier, Alfredo Berlinghieri (Robert De Niro), est l’héritier du patron (Burt Lancaster, habitué des rôles de “seigneur” italien) du vaste domaine.

Le second, Olmo Dalco (Gérard Depardieu), est un paysan, un ouvrier agricole membre de cette masse qu’on enferme tous les soirs, au début du 19e siècle, dans les communs de la ferme, comme dans un ghetto.

Dès l’enfance, Alfredo et Olmo se lient. Mais l’immense différence sociale qui les sépare rend cette amitié impossible.
 

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Le conflit éternel entre patron et ouvrier

Le grand œuvre de Bernardo Bertolucci se termine dans une longue scène de fête et de libération (sur une musique magnifique d’Ennio Morricone) qui démontre que Novecento est une fable, une farce communiste et antifasciste, où les deux représentants du régime mussolinien sont traités comme des marionnettes ridicules, délirantes et terrifiantes (Donald Sutherland et Laura Betti).

Derrière la grande fresque historique le cinéaste italien dessine clairement un conflit éternel : le patron et l’ouvrier seront toujours en lutte.

L'analyse

Oeuvre engagée mais empreinte d'une sensibilité et d'une tendresse rarement vues au cinéma, "Novecento" a demandé onze mois de tournage durant lesquels Bertolucci construisit patiemment son film. D’abord fondé sur des souvenirs d'enfance précis, il évolue avec la découverte d'une vie paysanne partagée au jour le jour.

Film populaire avant tout car profondément enraciné dans l'histoire et la vie d'un peuple, chant lyrique à la gloire du socialisme italien, fresque historique et politique sur le communisme, "Novecento" est tout cela à la fois, et semble être le film engagé le plus réussi de tous les temps, tant par sa perfection esthétique que par l'accomplissement de ses idées.

Cerise sur le gâteau, l'inoubliable partition d'Ennio Morricone...

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Références du film :

Novecento (1900) de Bernardo Bertolucci, avec Robert De Niro, Gérard Depardieu, Burt Lancaster, Dominique Sanda, Donald Sutherland (1976, durée 5h20)

L'affiche

Il Quarto Stato, signifiant littéralement « le Quart-État », est une peinture célèbre effectuée par Giuseppe Pellizza da Volpedo en 1901

Ebloui par le symbolisme de l’œuvre, Bernardo Bertolucci l’a utilisé comme introduction et comme affiche de son film.

En effet, emblématique des luttes sociales violentes en Italie au tournant du XXème siècle, ce tableau saisit par sa puissance d’expression. Hommes, femmes et enfants étroitement soudés avancent d’une allure fière et décidée.

Cette cinquantaine de personnages surgis de l’obscurité violacée de l’arrière-fond avancent unis et étonnamment pacifiques vers la clarté d’un avenir de justice sociale.

Ce très grand tableau (5,45 m sur 2,93 m) est aujourd’hui visible dans le beau Museo del Novecento, à  Milan, sur la place du Dôme.

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