... La passion de l 'Italie, de son histoire, sa découverte et de ses habitants ...
Avez-vous déjà entendu parler de Matera ? Cette ville étonnante du sud de l’Italie constitue une destination fascinante pour une escapade citadine. Elle a été désignée comme l’une des deux capitales européennes de la culture 2019, et à juste titre, car un séjour à Matera est une expérience inoubliable ! Pour vous convaincre, voici un petit descriptif d’une ville dont certaines habitations ont plus de 9000 ans !
Matera, lieu incontournable...
du sud de l’Italie et particulièrement de la Basilicate, est un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1993.
Dès la préhistoire, les habitants de la région ont trouvé refuge dans ces grottes creusées dans la roche. Sculptés à flanc du ravin Gravina di Matera, les Sassi ont été habités pendant plusieurs milliers d’années, souvent parce que les habitants n’avaient pas d’autre choix. Les maisons les plus simples ne sont qu’une cavité dans la roche. Pour d’autres, les pierres extraites ont été utilisées pour décorer la façade. À une certaine époque, on a même construit des églises, des monastères et des palais nobiliaires. Un gros avantage des maisons troglodytes est qu’il y fait toujours frais. En sillonnant les ruelles escarpées de Matera en été, vous comprendrez vite l’importance de cet aspect !
Si Alberobello dans les Pouilles est connu pour ses « trulli », Matera est célèbre pour ses habitats troglodytiques (les Sassi di Matera, littéralement pierres de Matera).
Considérée comme l'une des plus vieilles cités habitées au monde, elle a été l'un des principaux lieux de tournage du film chef-d'œuvre de Pier Paolo Pasolini : « L'Évangile selon saint Matthieu » en 1964. C'est aussi sur ce site que le film de Mel Gibson, « La Passion du Christ » (2004) a été tourné, et on comprend pourquoi.
Les habitations insalubres, propices aux maladies, hébergeaient la population la plus démunie. Les petites pièces de vie rudimentaires devaient parfois être partagées avec le bétail. Un grand nombre de ces logements étaient inhabitables au regard des normes du XXe siècle.
C'est seulement en 1953 que le dernier habitant est parti, à la suite d'une décision politique, en raison des conditions d'insalubrité de ces quartiers. C'est la loi De Gasperi, qui, en 1952, imposa l'évacuation des sassi et le relogement de leur population. À cette époque, 15 000 personnes vivaient là dans des conditions sanitaires très rudimentaires.
Les origines
La Gravina a creusé le calcaire du plateau des Murge, où s'étale Matera. De nombreuses grottes naturelles ont ainsi été creusées et ont servi de refuge aux hommes depuis le paléolithique ; ce serait l'un des plus anciens sites préhistoriques. Grecs et Romains ont à leur tour occupé les lieux, à la croisée des routes commerciales (Matera était l'une des étapes de la Via Appia).
Le calcaire ne permettant pas de retenir les eaux pluviales dans une nappe phréatique, l'eau de pluie est recueillie dans des citernes.
Au cours de l'histoire de nombreuses grottes ont abrité des églises rupestres. Aux VIIe et VIIIe siècles, les grottes devinrent le refuge de moines byzantins, qui transformèrent leurs murs en chapelles. On peut ainsi y admirer des fresques à forte influence byzantine.
Pendant la domination normande, la ville connaît une période de prospérité, on y construit le château et les remparts. La population s'accroit, elle est contrainte d'occuper les grottes situées en dehors de la protection des remparts. Elle occupe alors deux amphithéâtres naturels, le Sasso Caveoso et le Sasso Barisano.
La redécouverte des Sassi
Avez-vous déjà dormi dans une maison troglodyte ? C’est l’occasion ou jamais, car à Matera de nombreuses grottes d’habitation ont été transformées en hôtel. La réhabilitation des quartiers précaires a commencé à la fin des années 1990. En 1993, les Sassi ont été inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Depuis, l’engouement pour les anciennes grottes et structures rupestres n’a fait que grandir. De nouveaux résidents peuvent désormais les occuper, sous condition de les rénover. De nombreuses maisons troglodytes ont aussi trouvé une nouvelle destination après avoir été remises à neuf : galeries d’art, restaurants, chambres d’hôtes, bars… Aujourd’hui, les habitants des Sassi sont loin d’être démunis : les quartiers naguère qualifiés de « honte nationale », ont été transformés en site touristique à caractère unique. On comprend dès lors que les occupants des anciennes grottes surfent sur la vague du tourisme en proposant des souvenirs ou des hébergements divers allant jusqu’à 5 étoiles.
Matera, cité antique
Errer parmi les ruelles et les églises rupestres
Nous vous conseillons de visiter les quartiers des Sassi à pied pour explorer le dédale de ruelles, de venelles et de maisons imbriquées, le toit de l’une servant de soubassement à celle au-dessus. Préparez-vous à une bonne balade avec d’importants dénivelés en mettant des chaussures de marche. Gardez vos escarpins à talon pour les petits trajets jusqu’à la terrasse ou le restaurant les plus proches. Songez aussi que les rues pentues et les escaliers peuvent être glissants s’il pleut, et que sous le soleil de midi, la chaleur rendra votre progression sur le trajet inégal et tortueux assez ardue.
Matera compte deux quartiers des Sassi : le Sasso Caveoso et le Sasso Barisano, tous deux valant la peine d’être visités. Vous pouvez partir seul à la découverte des quartiers, ou opter pour une visite guidée.
Personnellement, nous avons opté pour la visite en Ape avec un guide. Ce n’est pas mal non plus.
La balade
Source : Le Tour du Monde en 80 Ans - Blog voyages et découvertes en famille.
Le sasso barisano
Un premier point de vue splendide en surplomb sur les sassi se trouve à côté de la Madonna del Carmine. La Via del Corso réserve de belles surprises comme le Purgatoire ou l’église Saint François d’Assise. Nous avons poussé la balade jusque la Piazza Vittorio Veneto et visité le Palombaro Lungo : une immense citerne souterraine qui alimentait la ville en eau.
Nous avons profité d’un autre joli point de vue avant de nous enfoncer dans le Sasso Barisano. Il existe bien des itinéraires thématiques pour visiter les sassi. Si l’intention est bonne, les itinéraires sont en fait très mal indiqués et nous avons vite abandonné l’idée de visiter Matera de façon organisée. Alors nous avons fait ce que nous aimons le plus : déambuler dans les rues le nez en l’air en suivant notre instinct curieux. La cathédrale de Matera est sans doute le lieu le plus visite. Du haut de son esplanade, la vue sur les sassi est imprenable.
Le sasso caveoso
Nous avons continué notre visite en direction du Sasso Caveoso.
Parmi les curiosités les plus notoires, on notera la crypte San Giovanni et l’église Madonna de Idris, toutes les deux creusées dans un énorme rocher se dressant au milieu du paysage. Au détour des ruelles formant un véritable labyrinthe, nous sommes tombés sur le discret cimetière barbare. On y devine les tombes anciennement creusées dans la roche. En logeant le ravin vers l’est, nous avons pu entrer dans une casa grotta, ancienne habitation troglodyte, et découvrir ainsi son intérieur rudimentaire mais surprenant.
Tout comme le sasso barisano, le sasso caveoso se découvre encore mieux le nez en l’air en suivant son instinct. Il ne faut pas avoir peur de parcourir quelques kilomètres. L’ambiance est tellement magique que ça vaut vraiment la peine de s’attarder dans les innombrables recoins de la ville.
Le Parc Naturel de la Murgia
De l’autre côté de la Gravina, un petit torrent en contrebas de la ville, se dévoile le parc naturel de la Murgia. De nombreuses églises rupestres y sont disséminées. Lors de notre séjour, elles étaient toutes en cours de réhabilitation… Ce sera pour une prochaine visite !
Dans tous les cas je vous conseille jusqu’à cet autre côté du ravin. Le plateau offre une vue splendide sur l’ensemble de Matera. Et pour terminer la journée en beauté, attendez que les lumières de la ville s’allument et lui donnent alors des airs de crèches… »