... La passion de l 'Italie, de son histoire, sa découverte et de ses habitants ...
Intrigues, pouvoir et luxure
Il y a tant à dire sur cette grandiose famille, je n'ai pas les qualifications nécessaires bien évidemment. Mais en voici les grandes lignes et les personnages les plus importants.
A découvrir absolument pour les fans, par le biais de la série "Les Médicis, maîtres de Florence", qui retrace parfaitement et vous plonge dans l'ambiance de l'époque.
Cerise sur le gâteau, Dustin Hoffman incarnant un Cosimo l'ancien grandiose, exceptionnel et magnifique.
Les Médicis...
La Dynastie
La dynastie des Médicis est la seule en Europe qui ait atteint les sommets sans le recours aux armes. Cette famille toscane se hisse au XVe siècle, le «Quattrocento» italien, à la tête de la république de Florence.
Elle va faire de celle-ci l'une des grandes puissances européennes et, longtemps après que Florence sera retombée à un rôle plus modeste, elle continuera de rayonner sur l'Europe par sa richesse, des mariages avec les grandes familles régnantes et un mécénat avisé.
Tableau de famille
Sur cette toile commandée au jeune Sandro Botticelli par Laurent de Médicis (Adoration des Mages, 1476), on peut reconnaître, à genoux devant la Vierge, Cosme l'Ancien. Derrière lui, debout et pensif, son fils Julien ; à gauche, en pourpoint rouge, Laurent. Au centre, à genoux et de dos, Pierre le Goutteux, et à sa droite, à genoux, son fils aîné Jean, tôt disparu.
Heurs et malheurs de la Banque
Les premiers Médicis (Medici) dont l'Histoire a gardé la trace sont de modestes changeurs en activité à Florence au XIIIe siècle.
Le blason de la famille en conserve le souvenir sous la forme de six besants (la monnaie de Byzance)... à moins qu'il ne s'agisse de pilules évoquant quelque ancêtre médecin ou apothicaire à l'origine du nom (médecin en italien).
La famille sort de l'anonymat à la fin du XIVe siècle après que la Peste noire et quelques faillites retentissantes eussent éliminé les plus puissantes familles de Florence. Sa fortune s'arrondit grâce à des investissements avisés dans l'industrie de la laine et le commerce international. Le chef de la famille, Jean de Médicis, dit Giovanni di Bicci, se hisse à la fonction de gonfalonnier.
Sous la direction de son fils aîné Cosme l'Ancien, la banque Médicis en vient à compter dix filiales dans les principales villes d'affaires européennes : Bruges, Londres, Genève, Milan, Rome...
Le pape fait appel à elle pour gérer les sommes qui lui viennent de toute l'Europe et financer ses entreprises. Ce client est d'autant plus intéressant qu'il peut à l'occasion excommunier un débiteur de la banque pour lui faire rendre gorge.
D'autre part, il a le bon goût de ne pas exiger d'intérêt sur les sommes en dépôt chez les Médicis, étant entendu qu'il réprouve d'un point de vue théologique le prêt à intérêt.
Cosme (en italien, Cosimo de Medici) devient ainsi le plus riche marchand de Florence. Depuis la saignée de la Grande Peste (1348), la ville compte peu ou prou 50.000 habitants et le territoire qu'elle gouverne à peine dix fois plus.
Comme beaucoup d'autres cités italiennes, c'est une république oligarchique, dirigée de fait par les plus riches familles, qu'il s'agisse de banquiers marchands-entrepreneurs comme les Médicis, ou de rejetons de l'ancienne noblesse féodale.
On les appelle éloquemment : «il popolo grasso» («les gras»).
Sur la fin de sa vie, en usant de son influence et de ses largesses, Cosme obtient pour ses partisans les magistratures les plus importantes sans se soucier d'un quelconque titre pour lui-même. Son fils Pierre le Goutteux (Piero il Gottoso) fait preuve de la même prudence.
Les grands-ducs de Toscane
Dans la crainte de nouveaux désordres, les Quarante-Huit sénateurs se hâtent de proposer la direction de la ville à un nouveau Médicis.
Cosme 1er (1537-1574)
Cosme de Médicis est issu d'une branche cadette de la famille qui remonte au frère cadet de Cosme l'Ancien, Lorenzo de Medici. Elle compte parmi ses représentants un condottiere ou chef de guerre particulièrement brutal, Jean des Bandes Noires (Giovanni dalle Bande Nere). Il a servi son cousin le pape Léon X puis combattu les Français avant d'entrer à leur service, à chaque fois en s'illustrant par ses atrocités.
Cosme 1er est son fils. Il n'a que 18 ans à son avènement en 1537. Avec le concours de Charles Quint, il écrase la révolte populaire puis conquiert les cités rivales de Sienne et Lucques. Cela lui vaut d'être fait grand-duc de Toscane (la région de Florence) en 1569 et couronné par le pape Pie V en personne.
Il consolide progressivement son pouvoir jusqu'à abolir ce qui reste des anciennes institutions républicaines. À l'égal de Cosme l'Ancien et Laurent le Magnifique, il soigne son prestige par de grandes actions de mécénat. Surtout il étend l'assise territoriale de Florence en s'emparant des éternelles rivales toscanes, Lucques et Sienne.
Pour affermir la place du grand-duché, Cosme épouse en 1539 Éléonore de Tolède, fille du vice-roi de Naples, et surtout, en 1565, célèbre avec faste le mariage de son fils et héritier François avec Jeanne d'Autriche, fille de l'empereur Ferdinand de Habsbourg. De leur union naîtra Marie de Médicis, épouse du roi de France Henri IV.
François 1er (1574-1587)
Amateur de plaisirs et fin lettré, le nouveau grand-duc se remarie avec sa maîtresse, une belle Vénitienne du nom de Bianca, après la mort en couches de sa première femme, en 1576.
Bianca et François meurent de façon brutale en 1587, peut-être empoisonnés par le propre frère du grand-duc, le cardinal Ferdinand de Médicis, qui ne supportait plus leurs excès et leur tyrannie.
Ferdinand 1er (1587-1609)
Le cardinal succède à son frère à la tête du grand-duché. Il s'empresse de renoncer à la pourpre cardinalice et de se marier. Cultivé, amateur des arts et des sciences, comme la plupart des Médicis, il protège Galilée. Il noue aussi une alliance avec Henri IV auquel il donne en mariage sa nièce Marie de Médicis.
Après lui, toutefois, le grand-duché va tomber sous la coupe des Habsbourg. Florence et la Toscane vont rapidement décliner.
La nouvelle élite aristocratique délaisse l'industrie et le commerce, qui ont fait la grandeur de Florence, pour se replier sur les placements financiers et la propriété agricole.
La population stagne et tend à s'appauvrir. Florence rentre dans la normalité.
En 1738, suite à la mort sans héritier du grand-duc Jean-Gaston de Médicis, les puissances européennes s'accordent pour que la Toscane revienne à François de Lorraine, lequel est aussi le mari de Marie-Thérèse d'Autriche, fille de l'empereur Charles IV de Habsbourg. Le duché de Lorraine est quant à lui cédé à Stanislas Leszczynski, roi déchu de Pologne et beau-père du roi de France Louis XV.
C'en est fini du pouvoir des Médicis.
Le principat des Médicis
Les choses se corsent après sa mort avec l'arrivée à la tête des affaires familiales de ses deux fils Julien et Laurent. Ceux-ci se donnent seulement le titre de «principe dello stato» (prince de l'État).
Laurent le Magnifique (1469-1492)
La rivalité avec une autre grande famille florentine, les Pazzi, aboutit à une conjuration et à l'assassinat de Julien en 1478.
Laurent, justement surnommé Laurent le Magnifique, reprend la ville en main et en devient le maître tout-puissant.
Mais la fortune familiale commence à s'émousser, d'une part en raison du déclin du commerce méditerranéen, consécutif à la chute de Constantinople (1453), d'autre part et surtout à cause du désintérêt de Laurent le Magnifique, plus soucieux de politique que de commerce.
Laurent le Magnifique meurt en 1492, l'année de la découverte de l'Amérique.
Pierre II (1492-1494) et Julien (1512-1513)
Son fils Pierre II, qui n'a pas son expérience, est chassé au bout de deux ans de la ville par le prédicateur Savonarole qui dénonce la luxure de la classe dirigeante et restaure les institutions républicaines.
Pierre II périt en tentant de reprendre le pouvoir avec l'aide des troupes françaises. Son frère Julien reprend le flambeau avec l'aide du pape Jules II. Il rentre à Florence en 1512 dans les fourgons de l'armée pontificale mais se démet peu après en faveur de son neveu et meurt en laissant seulement un fils naturel, Hippolyte (Ippolito de Medici).
Laurent II (1512-1516)
À Julien succède donc en 1513 Laurent II (20 ans), fils de Pierre II. La position des Médicis à Florence paraît des plus précaires, malgré une fortune encore colossale.
Mais la même année, le fils cadet de Laurent le Magnifique accède à la papauté sous le nom de Léon X. Fort de son autorité, il va soutenir son neveu Laurent et le marier à une Française, Madeleine de la Tour d'Auvergne. De leur union naît une certaine Catherine de Médicis, qui épousera le fils du roi de France François 1er, le futur Henri II.
Là-dessus, Laurent II part à la conquête du duché d'Urbino mais il meurt au cours de l'expédition.
Florence continue cependant d'être administrée par Jules de Médicis, fils naturel de Julien, le frère de Laurent le Magnifique, par ailleurs cardinal et archevêque de la ville. En dépit des troubles liés aux guerres d'Italie, la ville jouit de quelques années de stabilité.
En 1523, le cardinal devient à son tour pape sous le nom de Clément VII. Il confie Florence à ses vicaires ou subordonnés. Tout se gâte quand il se brouille avec l'empereur Charles Quint. En 1527, les lansquenets allemands mettent Rome à sac et les Florentins, las des Médicis, en profitent pour les chasser une nouvelle fois et instaurer une nouvelle république.
Le pape se réconcilie avec l'empereur et le convainc de reprendre Florence. C'est chose faite le 12 août 1530 : après une longue résistance, la ville se livre à Charles Quint. Elle est épuisée par quatre décennies de troubles. La guerre, la famine, la peste et l'exil ont réduit de moitié sa population.
Alexandre (1530-1537)
L'empereur place à la tête de la ville Alexandre de Médicis (20 ans), fils naturel de Laurent II. En 1532, il le reconnaît duc héréditaire de Florence. Les institutions républicaines sont abolies et remplacées par un Sénat de Quarante-Huit membres dont le rôle est seulement consultatif.
Pour la première fois de son histoire, la ville fait frapper un florin à l'effigie du souverain (la conception en est confiée à Benvenuto Cellini).
Plus tyrannique et débauché que la moyenne, Alexandre se fait haïr des nobles comme des exilés républicains. Les opposants demandent à Hippolyte de Médicis, fils naturel de Julien II, de porter leurs doléances à l'empereur.
Le messager est assassiné sur la route, sans doute sur ordre du duc Alexandre, et Charles Quint, en définitive, confirme Alexandre dans ses titres et ses fonctions. Qui plus est, il lui donne en mariage sa fille Marguerite d'Autriche. Le duc devient inamovible sauf à être tué...
Drame romantique à la cour du duc
L'assassinat que beaucoup appellent de leurs voeux survient deux ans plus tard, le 6 janvier 1537. Il est l'oeuvre d'un parent du duc, Lorenzino de Médicis (20 ans).
La postérité a retenu le surnom à consonance péjorative que lui donnent les Florentins : Lorenzaccio. Le poète Alfred de Musset lui a consacré en 1834 un drame romantique.
Lorenzaccio est un prince cultivé, féru de littérature latine et amateur de vers. Compagnon de débauche du duc, il lui présente régulièrement de jeunes femmes pour son plaisir et c'est à l'occasion de l'une de ces présentations qu'il le poignarde. L'assassin, qui croit satisfaire de la sorte un idéal républicain emprunté aux anciens Romains, s'enfuit à Venise où il est accueilli en héros par les exilés. Il sera lui-même assassiné par le nouveau duc.