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Vrai ou faux ?

Les Italiens en 10 idées reçues...

L'opéra, la mamma, la pizza : nous avons tous en tête ces symboles de la culture transalpine. Mais il en est d'autres moins connus, comme le Tifo, la passeggiata, la furbizia... Alors voyons un peu ces idées reçues que nous avons sur nos amis italiens (j'imagine qu'ils en ont autant sur nous. Ndla).

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Ils parlent avec les mains...
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C'est vrai...

C'est une habitude qui frappe tous les touristes visitant Rome, Naples ou Venise : les Italiens aiment ponctuer leurs discours d'une multitude de gestes. Selon la sociologue Isabelle Poggi, ils utiliseraient au quotidien 250 de ces petits signes pour exprimer de façon parfois très subtile ce qu'ils veulent dire. Ainsi, pour faire comprendre à votre interlocuteur qu'il doit déguerpir, il suffit de taper plusieurs fois la tranche d'une main contre la paume de l'autre. Grattez-vous le menton d'arrière en avant, les doigts déployés, et vous lui signifierez que vous vous moquez de ce qu'il vous dit. Et ce ne sont que deux exemples parmi tant d'autres...

Ils passent leur vie à la messe...
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C'est vrai... et c'est faux...
En Italie, berceau historique du catholicisme et siège de la papauté, l'Eglise a gardé une forte influence sur la société. Ainsi, 30% de la population affirme aller à la messe tous les dimanches (contre 5% en France). C'est toutefois moins qu'en Pologne, où la moitié des habitants assiste à l'office dominical.

Signe des temps : le parti "Démocratie Chrétienne", fondé en 1942 et institution primordiale de la vie politique transalpine pendant cinquante ans, a été dissous en 1994.

Ils sont fans de foot...
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C'est faux...

Le terme tifosi, qui désigne les supporters de ce sport, vient de tifo, signifiant "enthousiasme", voire "fanatisme". Et de fait, des milliers d'Italiens soutiennent avec passion les grands clubs du pays. Mais l'ardeur des supporters dissimule mal un désaffection croissante de la population à l'égard du ballon rond. Bien que sport numéro  en Italie, le football perd chaque année des licenciés. Ils étaient 1.1 million au dernier recensement, réalisé en 2016. C'est moins qu'en France, qui compte quelque 2.1 millions de licenciés, et surtout nettement moins qu'en Allemagne qui en rassemble presque 7 millions.

Ils sont nombreux à avoir émigré en France...
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C'est vrai...

En 1851, un recensement établit que, sur 380 000 étrangers résidant en France, 63 000 viennent d'Italie. Ce chiffre traduit le début d'un mouvement migratoire qui va durer une bonne centaine d'années. A partir du milieu du XIXe siècle, l'immigration transalpine vers l'Hexagone se fait massive, essentiellement pour des raisons économiques.
En 1911, on estime de 500 000 Italiens venus trouver du travail dans les mines, l'agriculture ou l'industrie, résident en France. Avec la montée du fascisme, une vague de réfugiés politiques porte le total à 800 000. Ces nouveaux entrants, souvent victimes de rejet et de racisme à leur arrivée (on nous appelait "les macaronis"), finiront par s'intégrer entièrement dans la société française, de sorte qu'il n'est pas toujours aisé de retracer cette origine dans certaines familles.

On estime pourtant que 4 millions de Français environ auraient de nos jours une ascendance italienne.

Ils sont élégants...
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C'est vrai...

"Beaucoup de mes concitoyens préféreraient mourir que de sortir avec une chemise tachée ou avec des chaussettes trop descendues qui découvriraient leurs chevilles", explique Alberto Toscano, journaliste et auteur de Sacrés Italiens !, un livre paru en 2014.

Un souci de l'apparence vestimentaire ancré dans les traditions. Depuis des siècles dans les villes et les villages d'Italie, on effectue avant le dîner, une promenade sur l'avenue ou la place centrale : on appelle ce rite social la passeggiata. Et chacun mettait un point d'honneur, en cette occasion, à être aussi bien habillé que possible, une façon de plaire, mais surtout d'affirmer son rang.

L’Italien est élégant. C’est vrai à Milan, Turin, Florence ou Venise. Sans doute un peu moins dans le Mezzogiorno profond. Pour autant les lunettes de soleil sont l’accessoire obligé, celui qui classe son homme (ou femme). Une seule paire de lunettes peut faire tout le look.

Ce sont les rois de la pizza...
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C'est faux...

L'Italie a donné ses lettres de noblesse à ce plat, dont les origines remonteraient à trois mille ans. La ville de Naples, tout particulièrement, s'en est fait une fierté, avec sa fameuse pizza margherita, dont la garniture est composée de tomate, de mozzarella et de basilic, soit les couleurs rouge, blanche et verte du drapeau italien. Cependant, n'oublions pas qu'il s'agit, originellement, d'un plat du pauvre. Les Italiens ont, dans leur gastronomie, bien d'autres trésors, et ne raffolent finalement pas tant que ça de ces tartes salées, si populaires sur l'ensemble de la planète. La péninsule italienne pointe même à la dixième place du classement des mangeurs de pizzas, avec une consommation deux fois inférieure à celle des Américains et des Français, les deux premiers mondiaux.

Ils sont champions de la fraude fiscale...
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C'est vrai...

Selon un récent rapport de la Tax Justice Network, une organisation luttant contre la fraude, l'Italie est le pays d'Europe pratiquant le plus ce "sport", avec 27% de son économie échappant au fisc. Selon les estimations de la Confindustria - principale confédération syndicale du patronat italien -, l'évasion fiscale aurait fait perdre 122 milliards d'euros au pays en 2015, soit pas moins de 7.5% de son PIB. Ces arrangements avec l'Administration viendraient selon Alberto Toscano, d'un trait profondément ancré dans le caractère italien : la furbizia - qu'il faut traduire par "débrouillardise" plutôt que par "fourberie". "L'Italien considère que l'argent public est mal employé, écrit le journaliste. Il met donc un point d'honneur à ne jamais payer totalement son billet de train, oublie volontiers de déclarer des factures, et trouve souvent le moyen de faire sauter une contravention".

Ce sont des dangers publics au volant...
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C'est faux...

Les conducteurs européens ont décerné le titre de pire chauffard aux Italiens, premier avec 31% des voix devant les Grecs et les Polonais (sondage Ipsos 2015). Mais ce sondage est purement subjectif, et il se révèle injuste.

 

Il est vrai que les Italiens ont une vision décontractée du code de la route. A Rome, certains feux rouges ont une valeur purement décorative...
Mais sans doute compensent-ils par leur adresse, car selon les statistiques officielles, les pays européens comptant le plus d'accidents de voiture sont la Bulgarie, la Lettonie et la Roumanie. En Italie, la mortalité au volant est deux fois moins inférieure, et reste dans la moyenne européenne.

La Mamma règne toujours sur la famille italienne...
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C'est vrai... et c'est faux...

La Mamma n'est pas un mythe. Cette figure de mère toute-puissante serait née au fil du XXe siècle, notamment à cause de l'absence des pères partis à la guerre ou émigrés économiques. Elle aurait également été favorisée par la propagande fasciste, glorifiant la mère au foyer, et par l'Église catholique, sublimant elle aussi l'image maternelle.

Résultat : la Mamma a été pendant des décennies la patronne de la famille transalpine. Mais les rôles commencent à évoluer - tout simplement parce que la femme italienne aspire désormais à d'autres horizons que celui de sa cuisine, notamment à la réussite professionnelle ! Un changement de mode de vie qui a un impact sur le taux de natalité : avec 1.37 enfant en moyenne par foyer, c'est désormais l'un des plus bas du monde... Mamma mia !!

Ils adorent l'opéra...
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C'est vrai...

Et pour cause ! C'est en Italie qu'est né l'opéra occidental. Plus précisément à Florence, au tournant du XVIIè siècle, lorsqu'un groupe de musiciens et d'intellectuels, la Camerata fiorentina, se donne pour mission de ressusciter le style musical du théâtre, qui fait la part belle aux paroles chantées, rencontre un succès fulgurant et se développe dans toute la péninsule, essaimant ensuite des les autres pays d'Europe. Monteverdi, sera le premier grand compositeur d'opéra. Puis viendront Vivaldi, au XVIIIè siècle, et surtout au siècle suivant, Rossini, Puccini, Donizetti ou encore Verdi.

Pour aller plus loin

A lire
- Ciao Italia ! Un siècle d'immigration et de culture italiennes en France
S. Mourlane et D.Païni, éd. La Martinière
Un ouvrage inspiré par la récente exposition au Musée national de l'histoire de l'immigration, à Paris
- Sacrés Italiens !
A. Toscano, éd. Armand Colin
Un écrivain et journaliste italien vivant en France analyse les clichés véhiculés par son pays natal.

Source : magazine "ça m'intéresse" - Septembre 2017
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